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Mes nouvelles - Katherine Quénot

21 octobre 2008

Les aléas de la vie

Dans l’entre deux vies, deux amis, Adrien et Justine, comparent leurs billets pour leur future destination sur Terre. Quelle chance, ils seront encore amis dans cette nouvelle vie ! Hélas, les choses se compliquent quand Adrien se fait échanger son billet avec celui d’un chien…

Chapitre 1

Tout commençait dans le meilleur des mondes possibles. Justine et Adrien allaient bientôt entrer chacun dans un nouveau ventre maternel et leurs mamans étaient de grandes amies…
Enfin, ça, c’est ce que nous savons. Ou du moins ce que nous nous imaginons, à les voir tous deux se réjouir en regardant et en comparant leurs billets. Peut-être que les choses ne vont pas se passer exactement comme cela, finalement. Ou même pas du tout.
Mais revenons un peu en arrière…
Ce jour-là - si on peut appeler ça un jour - Justine étudiait avec attention le tableau d’affichage en réalité synthétique qui trônait au milieu de l’immense hall du terminal des Départs. Une foule de destinations étaient affichée : des centaines, peut-être même des milliers. Elles allaient de Paris à Calcutta en passant par Tokyo et Milan – ça c’était parmi les plus connues – mais il y avait aussi et surtout une foule de petits patelins paumés dont personne n’avait jamais entendu parler : Amersfoot, Vorkum, Tarnac, Uchte….
Justine projeta encore son billet devant elle pour être bien certaine qu’elle ne se trompait pas. Non, c’était bien ça. Les inscriptions holographiques disaient :
Paris IV, 96 ans
Quelle chance elle avait ! À tout le moins de naître à Paris, dans le quatrième arrondissement, c’est à dire dans le Marais, qui est un des quartiers les plus chics de la capitale française.
Bien sûr, elle n’était pas mécontente non plus de vivre jusqu’à 96 ans, bien qu’elle ait du mal à s’imaginer si vieille. Là d’où elle revenait, elle avait vécu jusqu’à 80 ans et il lui semblait que c’était déjà un âge très convenable pour conclure un voyage. Mais puisqu’elle était une petite privilégiée et qu’elle allait naître avec une cuillère en argent dans la bouche, il se pouvait bien que ses 96 ans s’écoulent tout à fait confortablement.
D’ailleurs, vivre aussi vieux était une promotion. Tout comme de naître de parents beaux, riches et gentils. Le titre de transport de Justine mentionnait aussi ces détails. La future nouvelle née s’en réjouissait, bien qu’elle n’en soit pas autrement étonnée, à vrai dire. Sa dernière vie – et aussi ses précédentes – lui avait permis d’accumuler un nombre impressionnant de bons points de mérite. Elle avait été gentille, humble, toujours prête à aider autrui, honnête, franche, et joyeuse par-dessus le marché, une qualité qui rapporte beaucoup de points, ce que nombre de gens ignorent. Souvent, pour accumuler des points et avoir de l’avancement, certains pensent qu’il suffit d’aller à la messe le dimanche. La bonne blague ! Ce serait trop facile. Par contre, être joyeux est vraiment une gageure : avec tout le malheur qui existe sur cette terre, les calamités, les déceptions et les chagrins de toutes sortes, sans compter le temps gris qui sape le moral, garder le sourire est un acte vraiment héroïque. Et il n’y a pas de meilleur moyen pour venir en aide à son prochain !
Justine avait tellement souri dans sa vie précédente que dans l’entre-deux vies où elle se trouvait à présent, c’était ce qu’on voyait le mieux d’elle : un sourire radieux flottant sur son corps subtil.
Autour du panneau d’affichage, revêtus comme Justine d’une apparence holographique dissimulant leur immatérialité, il y avait d’autres âmes souriantes, mais peu d’auras personnelles étaient aussi lumineuses et positives que la sienne. On voyait surtout, hélas, tout alentour, un nombre incalculable de sourcils froncés, de bouches grimaçantes, de regards durs, de poings menaçants, de rictus amers et même de langues tirées
qui crevaient la surface impalpable des corps subtils comme les cicatrices des vies écoulées.
Et, parce que âmes humaines et âmes animales se mêlent sans distinction dans l’après-vie, se trouvaient là également les corps immatériels des animaux les plus divers. Ces êtres allaient commencer une nouvelle vie sous une forme parfois plus enviable, parfois moins, et pour certains ce serait une forme humaine. Gentils lapins, bons chiens, modestes cochons d’Inde, serpents avisés : ceux-là avaient gagné leur droit de passage pour une meilleure vie.
Justine porta de nouveau son attention sur le tableau d’affichage et son corps subtil se mit à scintiller. Elle avait repéré son vol :
Paris IV, porte 6.
L’heure de l’embarquement était affichée également :
Eternité Pi et quart.
Soudain, elle frémit en entendant au fond d’elle-même une voix prononcer son nom. Son corps subtil tourna sur lui-même, elle chercha parmi les auras et alors elle LE vit. De joie, son sourire grandit, grandit et sa lumière devenue éblouissante se répandit dans le hall des Départs jusqu’à éclipser celle de toutes les autres âmes massées devant le tableau d’affichage.
— Adrien !
Le sourire de Justine iradiait maintenant des arcs en ciel concentriques. Adrien se tenait devant elle, à portée de son cœur. Adrien était son plus cher ami. Parfois, il avait été Adrienne, comme parfois elle avait été Justin, amis ou amies, frère et sœur, frères ou sœurs. Adrien et elle avaient déjà parcouru ensemble un nombre incalculable de vies. Bien sûr, ils l’oubliaient à chaque retour sur Terre, mais pendant le passage de l’entre-deux vies, on avait le privilège de retrouver la mémoire des existences antérieures…

Chapitre 2
— Mais que fais-tu là, chère âme ? gloussa Justine en iradiant son aura vers le corps subtil de son ami.
— Je crois me souvenir qu’on a fini notre dernier voyage ensemble, non ? répondit Adrien en souriant avec les yeux (son corps subtil produisait deux immenses yeux qui brillaient comme deux levers de soleil). Nous étions allés nous asseoir devant la mer, l’un à côté de l’autre, tels des indiens qui se retirent seuls pour mourir… sauf que nous étions deux ! Et la vie nous a quittés tandis que l’on se regardait, perdus chacun dans le regard de l’autre...
L’aura de Justine devint un nuage de minuscules gouttelettes. Elle était très émue à ce souvenir. Leur mort avait été un moment de communion comme il y en a peu, ni sur Terre ni ailleurs. Leurs cœurs subtils s’étaient compris et fondus.
— Et où vas-tu comme ça ? reprit Justine avec entrain. Tu me montres ton billet ? Moi, direction Paris ! Une vie de rêve, les amis ! Et figure-toi que je garde mon prénom… Je crois que le billet dit aussi que je vais devenir actrice.
— J’espère que ça ne te rendra pas cabotine, observa Adrien, un peu inquiet. Les acteurs aiment qu’on les admire…
— Eh bien, admit Justine, tu as raison. À moi de garder ma simplicité. Ce sera une sorte d’épreuve… Si je la réussis, peut-être deviendrai-je moine tibétain !
— Et si tu ne réussis pas, enchaîna Adrien, ce sera la rétrogression… Tu renaîtras peut-être asticot!
— Oh là, tu vas peut-être un peu vite, Adrien, mais espérons quand même que je ne serai pas une actrice trop admirée ! Mais toi, poursuivit-elle avec curiosité, où pars-tu ? Pas trop loin de moi, j’espère !
¬— Regarde toi-même, dit Adrien en projetant devant lui son billet.
À mesure que Justine lisait les inscriptions holographiques qui flottaient dans l’espace, elle sentait la joie monter en elle. Puis elle entendit des âmes se plaindre de ce qu’elle faisait monter la température du hall d’embarquement, mais elle réussit à se contrôler à temps. En effet, dans l’entre-deux vies, le bonheur se répand comme un gaz. S’il s’enflamme, cela ne porte heureusement pas trop à conséquences, si ce n’est que ça fait grésiller les moustaches et se tordre les sourcils froncés, qui se mettent alors en accent circonflexe au-dessus des yeux.
— Je n’arrive pas à y croire ! s’écria Justine, radieuse. On va être ensemble de nouveau. Tu seras mon voisin à Paris ! Dans l’hôtel particulier juste à côté de ma maison. Nos mères sont amies ! Et toi aussi, tu vas vivre très vieux, à ce que je vois… Non, mais quelle chance on a !
Adrien lui fit un clin d’œil :
— A vrai dire, ce n’est pas que de la chance…
— Bien sûr que non, approuva chaudement Justine. Tu as accumulé autant de points que moi. On récolte ce qu’il y a de mieux, c’est normal…
Dans les yeux d’Adrien dansa une lueur malicieuse :
— De là à obtenir la même adresse… Je crois que ça, on ne l’aurait pas eu (il fit une pause pour ménager le suspens)… si je ne m’étais pas un peu arrangé !
Le sourire de Justine se figea et la température descendit d’un coup.
— Quoi ? Mais comment as-tu fait ? C’est impossible, on ne décide pas !
— Sauf si on est malin...
Adrien fit signe à Justine de s’éloigner à l’écart des yeux inquisiteurs et des oreilles dressées qui s’étaient glissé vers eux subrepticement.
— J’ai trafiqué un peu mon billet, lui chuchota-t-il. Je devais naître dans une cité à Bobigny.…
Le sourire de Justine s’effaça tout à fait. À la place apparut une paire d’yeux flamboyants.
— Mais tu es fou ? Comment as-tu pu faire ça ?
— Coupé-collé, dit-il. C’est facile. Tu sais que j’ai toujours eu un don pour les arts holographiques…
— Et pour celui de faussaire ! Je n’ai pas oublié cette vie où tu fabriquais des faux billets ! Tu as fini en prison, je te rappelle !
— Je me suis bien racheté après…
— Et tu veux tout gâcher ? s’indigna Justine.
Le corps subtil d’Adrien produisit un sourire. Un léger sourire satisfait…
— Aucun risque, dit-il. c’est indétectable !
Justine ne disait plus rien. Son aura était devenue grisâtre. Elle était accablée. Qu’est-ce qui avait pris à son ami ?
— Tu sais, reprit Adrien, il n’y a pas que moi qui triche…
— Quoi ? hoqueta Justine. Tu es fou ! Personne ne triche. On ne peut pas tricher !
— Bien sûr que si ! riposta Adrien.
Et soudain, contre toute attente, il éclata de rire.
— Je t’ai fais marcher ! avoua-t-il entre deux gloussements.
— C’est… c’est une blague ? bafouilla Justine dont l’aura tremblotait d’effroi.
— Mais oui ! Bien sûr que je n’ai pas triché. Je vais naître à côté de chez toi tout à fait régulièrement. On ne peut pas tricher, évidemment !
Le sourire de Justine réapparut timidement. Puis, soudain, il se transforma en éclat de rire joyeux.
— Tu exagères, Adrien. J’ai faillis y croire !
— Tu y as cru, poisson cru !
Le garçon aux yeux comme deux astres naissants projeta son son billet devant lui.
— Paris, le Marais, ah ! La vie de rêve, les monceaux de jouets à Noël, les meilleurs écoles, les vêtements de grande marque, les vacances aux Seychelles ! Les…
Justine regarda Adrien d’un air interrogatif. Il n’achevait pas ses mots. Il avait l’air bizarre tout d’un coup. Son attention toute entière tournée vers les inscriptions de son billet, on aurait dit qu’il venait d’avaler une arête de poisson.
— Adrien ? Qu’as-tu ?
L’aura de son ami prenait une couleur sale et triste. Son corps subtil se condensa en une dizaine de paires d’yeux qui sillonnèrent en tout sens le hall des Départs pour passer en revue tous les sourcils froncés, les grimaces mauvaises et les sourires hypocrites.
Puis, écrasé de désespoir, il renonça et revint. Deux yeux fixes et mouillés de larmes regardèrent Justine d’un air d’incompréhension.
— Justine, murmura-t-il d’une voix cassée en projetant son billet au-dessus de lui.
— Que se passe-t-il ? demanda son amie dont l’aura avait pris la même couleur jaunâtre.
— Ce n’est pas mon billet ! Quelqu’un a échangé son billet avec le mien ! À l’instant !
— Non ! souffla Justine. Ce n’est pas possible !
Elle scruta le billet de son ami et, tandis qu’elle lisait, son corps subtil crépita de douleur.
Sur le billet que projetait Adrien, on pouvait lire désormais :
Bobigny, Cité des escargots, 15 ans grande roue des renaissances nous entraînera...

A suivre...

Si vous avez été intéressés par cette histoire, prenez contact avec moi et je vous proposerai la suite ainsi que d'autres nouvelles.

(c) Katherine Quénot 2008

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21 octobre 2008

Mon copain bizarre

Découvrez cette nouvelle destinée aux 10/12 ans.
Une fillette de 13 ans surnommée Polipocket s'ennuie dans la maison où elle passe des vacances avec sa mère. Elle invite Walter, un copain qu'elle ne connaît pas très bien, mais qui a l'heureuse idée d'être libre.

Chapitre 1

— Et Hélène, elle ne peut pas ?
— Elle est en colo…
— Juliette ?
— Partie chez son père.
Ma mère soupira. Elle ne savait pas quoi faire de moi pendant les vacances. Pourtant, je ne suis pas très encombrante : quarante-cinq kilos pour 1 mètre 55. On m’appelle Polypocket.
— Je peux demander à Walter, dis-je.
Ma mère ouvrit des yeux étonnés. Normal, elle n’avait jamais entendu parler de lui.
— C’est un copain de Charlotte et Noémie. Elles l’ont rencontré en colo. Il est sympa. Mais je dois te prévenir, il est très très moche !
— Vraiment ? fit ma mère en prenant un air un peu effrayé. Plus moche qu’Antoine ? Tu m’avais déjà dit qu’Antoine était très très moche, Polypocket… Je n’ai pas trouvé, quand je l’ai vu.
— Il est plus moche qu’Antoine. Beaucoup plus moche. Rien à voir. Mais il est sympa.
— Et il est à Paris ?
— Oui. Et il est d’accord pour venir.
Ma mère hocha la tête et sourit.
— Pourquoi pas ? Mais ses parents, ils sont d’accord aussi ?
Je pris un air dubitatif. D’après moi, Walter décide de sa vie comme il veut. Il a mon âge, 13 ans, mais je ne le vois pas du tout avec une mère comme la mienne, en train de s’inquiéter pour un oui pour un non et à veiller à ce que je ne manque jamais de rien. Quant à son père, il m’a dit qu’il était mort. Je ne sais pas de quoi.
— Il n’a plus que sa mère…
J’obtins le numéro de la mère de Walter et ma mère l’appela. Elle me fit remarquer que cela aurait été à elle de se mettre en contact avec nous. Mais que si elle n’appelait pas, que Walter venait chez nous et qu’elle était accusée de kidnapping, elle pourrait aller en prison. Elle avait raison.
Comme la mère de Walter n’était pas à Paris, il fallut envoyer de l’argent à mon copain pour qu’il puisse prendre le train. Au téléphone, ma mère lui indiqua qu’elle ne roulait pas sur l’or et qu’il faudrait que son fils ait au moins un peu d’argent de poche, alors la mère de Walter promit de lui envoyer un chèque. Trois jours plus tard, on était sur le quai de la gare du Tréport en train d’attendre Walter : ma mère, moi et Gypsie, notre petit Jack Russel. J’espérais que tout allait bien se passer, mais je n’en étais pas très sûre car, d’après la courte conversation que ma mère avait eue au téléphone avec celle de Walter, elle avait deviné que c’était un drôle de milieu, comme elle dit. Une mère qui s’en va sans laisser d’argent à son fils, c’est sûr que ce n’est pas son genre…
Walter apparut sur le quai. Moi, déjà, je l’admirais. Prendre le train tout seul, ce n’est pas évident. Ni débarquer chez des gens inconnus. Il me connaissait moi, mais il ne connaissait pas ma mère...
Je vis au regard que celle-ci posait sur lui qu’elle ne le trouvait pas si moche. Chacun ses goûts. Walter a de longs cheveux noirs raplaplas, des yeux qui louchent un peu, le teint bistre… tous ces traits ne sont pas moches en soi, mais en fait je trouve qu’il ressemble à Michael Jackson, ce qui fait un effet bizarre pour un garçon de treize ans. De toute façon, moche ou pas, on s’en fiche. J’avais dit ça à ma mère pour la prévenir, je ne choisis pas mes copains pour leur beauté. J’aurais du mal d’ailleurs, car je ne connais pas un seul garçon de beau, à part Mick Jagger des Rolling Stones. Quand Walter sera vieux comme lui, il sera peut-être beau, surtout s’il devient rock star. C’est possible, parce qu’il joue de la guitare. Il me dit qu’il joue très bien, qu’il est un autodidacte. Moi, ma mère paye très cher pour me donner des cours. Walter le sait, il trouve ça mieux d’être un autodidacte. Je l’ai dit à ma mère, elle m’a regardé en souriant et m’a dit : « J’aimerais bien l’entendre jouer ». Je parie qu’elle n’est pas convaincue …
Je fis un signe à Walter, mais la première personne à qui il dit bonjour en la caressant, ce fut Gypsie.
— Elle sent mes labradors, dit-il.

Chapitre 2
C’était gagné : si Walter aimait Gypsie, ma mère allait l’aimer.
Arrivés chez nous, je fis faire à Walter le tour de notre maison de vacances. Je la trouvais petite, comparée à celle de mon père, à côté de Bordeaux, qui dispose d’une piscine, mais Walter la trouva très grande. Puis, ma mère nous appela pour le déjeuner et c’est là que les problèmes commencèrent.
Ma mère est cool, mais il y a une chose sur laquelle elle ne transige pas, c’est dire « bon appétit » avant de se mettre à manger. Et puis aussi, bien sûr, se tenir à table correctement, aider à débarrasser le couvert et à faire la vaisselle. Elle tient aussi à ce que je remette les choses là où je les a prises, que je participe aux tâches ménagères et bien sûr, que je fasse mon lit et que je range ma chambre. En fait, cela fait plusieurs choses, si on compte bien. Mais ce n’est pas grave, j’ai l’habitude. Comme ça, ma mère est contente et tout va bien.
Comme c’était Walter l’invité, ma mère le servit en premier. Sous notre regard stupéfait, il se mit immédiatement à dévorer le contenu de son assiette. Il avait déjà presque fini alors que nous n’étions pas encore servis !
— Eh bien, tu avais très faim ! constata ma mère en riant.
— Oui, reconnut Walter en avalant sa dernière pomme de terre.
Pour être plus à l’aise, il se mit de travers sur sa chaise pour poser ses pieds sur les barreaux de celle d’à côté puis, sans cesser de mâcher - la bouche ouverte- , il attrapa le pain, en arracha un morceau en laissant un gros trou dans la mie, et entreprit de saucer son assiette.
Ma mère et moi, on se regardait. Moi, ça me faisait rigoler, mais ma mère pas vraiment. Elle avait l’air fatiguée. Je n’aime pas quand elle a l’air fatiguée. Elle fait tout ce qu’elle peut pour me faire plaisir, alors c’était embêtant que Walter se tienne si mal.
Hélas, ce n’était que le début…
Le repas fini, il cassa un verre en débarrassant la table. Il faut dire qu’il s’était affalé sur le canapé pour jouer avec ma console de jeux et qu’il était sans doute encore préoccupé par les monstres qui lui couraient après, quand ma mère lui demanda de nous aider à débarrasser la table en ajoutant – sur un ton humoristique – que ce n’était pas aux filles de faire tout le boulot.
Puis, sans doute fatiguée, elle nous congédia en disant qu’elle s’occupait de la vaisselle pour cette fois. Walter ne demanda pas son reste et retourna s’affaler sur le canapé. Au moment où je revenais dans la cuisine, ma mère se pencha vers moi pour me chuchoter :
— Ça se voit que c’est un autodidacte !
Et elle pouffa.
Je pouffai aussi.
Quand je revins dans le salon, Walter était en train de jouer avec Gypsie. C’était un vrai chantier, le tapis était tout de travers, le canapé à moitié effondré. J’attirai Gypsie et Walter dans la pièce d’à côté et je remis bien vite tout en place, avant que ma mère ne le voit.
Le mieux était de sortir s’amuser dehors, où il n’y a rien à déranger. Walter n’avait pas tellement envie de sortir, il se serait bien vu rester tout l’après midi à jouer avec ma DS tout en se traînant avec Gypsie sur le tapis.
Bien sûr ce n’était pas possible. Pas souhaitable. Pas envisageable du tout...
Ma mère nous donna de l’argent pour nous acheter une crêpe, - quand même, elle est gentille, surtout que Walter n’avait même pas d’argent de poche - elle me demanda juste de lui rapporter la monnaie, et nous sortîmes.
Nous achetâmes les crêpes, Walter en voulut une deuxième, ce qui m’ennuyait parce qu’il n’y aurait pas de monnaie à rapporter, mais je n’osais pas lui dire non. Puis, il se mit à pleuvoir, et comme il n’y a rien à faire au bord de la mer en Normandie sur une plage paumée, Walter me dit qu’il préférait rentrer. Je regrettai beaucoup de ne pas avoir pris ma guitare, j’aurais pu l’entendre jouer. Entendre jouer un autodidacte, ce doit être quelque chose…

(c) Katherine Quenot 2008

Si vous avez été intéressés par cette histoire, prenez contact avec moi et je vous proposerai la suite ainsi que d'autres nouvelles.

21 octobre 2008

Bibliogaphie

Mes ouvrages parus ROMANS ADULTES : - Blanc comme la nuit (Albin Michel) 1991. (paru en poche chez J'ai Lu, paru au Grand Livre du mois, traduit en allemand et italien). - Rien que des sorcières (Albin Michel) 1993. (Grand prix du Fantastique en 1994, paru en poche chez J'ai Lu et au Grand Livre du mois). - Si tu m'aimes... (Albin Michel) 1995. (paru en poche chez J'ai lu et au Grand livre du mois) - Momie (Albin Michel) 1998. (paru au Grand Livre du mois) BEAUX LIVRES : - Le livre secret des sorcières (Albin Michel) 1994. Illustré par Guillaume Arethos. (Traduit en coréen) - Le livre d'école des apprenties sorcières (Albin Michel) 2002. Illustré par Civiello. - Le livre secret des Elfes (Albin Michel) 2004 Illustré par Civiello - Le livre secret des Nains (Albin Michel) 2005 Illustré par Civiello. - Le livre secret de Merlin (Glénat, éditions Vent des Savanes), 2007 illustré par Brucero. ALBUMS JEUNESSE: + Editions Albin Michel - Hanou, la légende d'Hanuman (Albin Michel/Gaumont), 1998, Illustré par Fabien Lacaf. + Editions Disney/Hachette + Collection: Une journée avec Winnie l'Ourson (histoires originales): - Cuisiner avec Maman Gourou (2002) - Petit Gourou n'aime pas la sieste (2002) - Porcinet et la Pluie (2002) - Coco Lapin est de mauvaise humeur (2002) - Tigrou perd son cerf-volant (1004) - C'est bon d'être propre (2004) - Tigrou cherche un logis (2004) - C'est amusant d'essayer (2004) + Collection :"Je suis une Princesse" : - Blanche Neige (2003) - Jasmine (2003) - Cendrillon (2003) - La Belle et la Bête (2004) - La petite sirène (2004) - La Belle au bois dormant (2004) - Pocahontas (2005) - Mulan (2005) - La Petite Sirène 2 (2005) - Le grand amour + Collection « Mes animaux préférés » (2005/2006) - Moi, Bambi - Moi, Lady - Moi, Simba - Moi, Belle - Moi, Frère des ours - Moi, Baloo + Collection : Disney Lecture - Peter Pan: retour au Pays imaginaire (2002) + Collection : Disney classique : - Le monde de Nemo (2003) + Collection : Disney présente : - Winnie l'Ourson et l'éfélant (2005) + Collection : Disney Cinéma - Bambi (2004) + Collection : Mon premier album - Aladdin (2004) - Les aristochats (2004) - Bambi (2004) + Hors collection : - Traduction et adaptation de l’œuvre de Gail Carson Levine : Poussière de fées et l’œuf magique. (2005) - La plante empoisonneuse de Lili - Clochette a des ennuis - Rani et le lagon des sirènes - Vidia et la couronne de fées - Beck et la grande bataille de mûres + Adaptation d’une bande dessinée de « Ratatouille » (2008) + Collaboration aux livres « 365 histoires pour le soir », en 2007 et 2008 + Editions Hachette (Ma Première bibliothèque rose) Charlotte aux fraises (2006/2007/2008) (novelisations) - Bienvenue à Fraisi-Paradis - Caramiel fait sa mauvaise tête - Charlotte aux fraises à la recherche du printemps - L’arrivée de Clafoutis - Charlotte aux fraises, championne d’amitié - Charlotte aux fraises fête Noël - Caramiel veut des amis - Princesse Charlotte aux Fraises - Bienvenue, Baba Hortensia - La surprise de Charlotte aux Fraises - Angélique, mauvaise joueuse - Un voyage fraisi-buleux - Le grand concours des animais - Mystère au lagon doré. Prochain titre : « Le chef de Fraisi-Paradis » en janvier 2009 Shuriken school (2007/2008) (novelisations) - Les tongs sacrés ont disparu - L’art ninja de la disparition - Ninja gagnant ! - L’ombre d’Eizan - Le secret de Jimmy - Ras le pompon - Super ninja Prochain titre en janvier 2009 À paraître en mars 2009 : collection Dogs : 6 histoires de chien originales à paraître dans « Ma première bibliothèque rose ». ROMANS JEUNESSE : + Editions Albin Michel Les Compagnons de la peur, collection " Étrange" 16 titres parus de 1999 à 2OOO. - Le démon de la console - La vengeance du Pharaon - Traquenard à Pékin - Les sosies maléfiques - Les mutants au sang froid - Le défi des Immortels - Les voleurs de vie - Lune de sang - Rêves mortels - Un secret d'outre tombe - Le sortilège d'Égypte - L'éveil du vampire - La ruse du diable - Alerte aux rats - Les dieux de Carthage - Les otages du futur + Editions Fleurus (nouvelles dans livre collectif), collection Z'azimuth. - 25 jours en mer (2001). - Le dernier saut d'Astrée (2002) - La tête dans les étoiles (2002) - Voyage en eau trouble (2003) - Un cheval pour la vie (2003) - La griffe du tigre (2004) - Dialogue de sorcières (2004) - La chute de Carthage (2005) - La dent qui parle (2006) - L’éducation de Morgane (2007) + Editions Syros Collection Souris Verte. - Chut, la falaise tombe (2001) + Editions Disney/Hachette Collection « aventure » : - Atlantide, l’empire perdu (2001) - La Planète au Trésor (2002) - Pirate des Caraïbes 2 (2006) - Pirate des Caraïbes 3 (2007)
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